La taille du
pénis, en voilà un sujet récurrent ! Et la taille du clitoris ? En voilà un
sujet tabou ! Et si celle-ci avait un impact sur le plaisir féminin ?
L’essentiel étant au moins de se poser la question. Éléments de réponse
avec Jean-Claude
Piquard, sexologue clinicien.
Santé Magazine : Quelle est la taille moyenne d'un
clitoris au repos ? Et en érection ?
Jean-Claude
Piquard : Le clitoris mesure environ 11 cm dans
toute la longueur de sa structure profonde. Mais seul le gland est visible dans
la vulve. D’ailleurs, pas si visible que ça, car le plus souvent il est caché
sous le capuchon. Il faut faire glisser le capuchon vers le haut, vers le
pubis, pour le voir. La taille moyenne du gland est de 3 à 5 mm.
Lors
de l’excitation, l’érection du clitoris concerne essentiellement le corps du clitoris,
juste derrière le gland, qui se redresse et le rend plus proéminent, donc plus
visible et plus facile à repérer au toucher. Le gland se gorge aussi de sang,
il devient plus ferme sans vraiment augmenter de taille. Simultanément, dans
les structures profondes, les bulbes vestibulaires gonflent.
Toutes les érections clitoridiennes se valent-elles ?
L’érection
du corps du clitoris est très variable : des femmes ont en de faibles, peu
repérables, alors que d’autres en ont de très prononcées, avec un gland qui se
manifeste en s’érigeant dans la vulve. De plus, chez une même femme, l’érection du clitoris peut
varier, en fonction de son excitation mais aussi
de nombreux critères comme la fatigue.
Existe-t-il des cas de clitoris trop grands ou trop
petits ? En quoi est-ce gênant ?
Même petit, le gland clitoridien reste fonctionnel, c’est-à-dire capable de donner beaucoup de plaisir
et de mener jusqu’à l’orgasme clitoridien. Rarement (moins de 1
femme sur 1000), le gland est inexistant et donc non fonctionnel, c’est-à-dire
que la femme ne ressent aucune sensation à la stimulation de cette zone.
Parfois,
le clitoris est plus grand. Etonnament, dès qu’il fait plus que 1,5 cm, il
prend l’aspect d’un gland de pénis. Ce qui est compréhensible car pénis et clitoris ont la même origine embryonnaire
!Lorsqu’il mesure quelques centimètres au repos, il ressemble vraiment à un
pénis, avec une collerette à la base du gland. Lors
de l’érection, le corps du clitoris double de longueur, il sort de la vulve et
entre éventuellement en contact avec le pubis du partenaire. On parle alors
de clitoris hypertrophié. Les femmes qui ont un grand clitoris le découvrent
généralement plus facilement, elles en jouissent plus tôt.
La taille du clitoris peut-elle avoir un impact sur
l'orgasme féminin ?
Aucune
étude ne permet de répondre à cette question :
- d’une
part, il y a peu d’étude sur le clitoris ;
- d’autre
part, l’orgasme est un concept subjectif où chacune s’autodétermine. En
effet, peu de signes cliniques reconnus permettent la définition de
l’orgasme.
Concernant l’orgasme clitoridien, je pense que la taille du clitoris n’intervient
pas. Le principal obstacle à cet orgasme est
psychique.Par exemple, je vois en consultation des
femmes qui ont une très forte représentation interpersonnelle (à deux) de la
sexualité et un rejet de la masturbation. Un courant sexologique explique que,
lors de la pénétration, les bulbes vestibulaires, en contact avec le vagin,
sont stimulés et, comme le clitoris est très sensible, il participe à l’orgasme
vaginal. Faux !
L’anatomie du clitoris montre une grande innervation du gland, mais les
bulbes vestibulaires et les piliers du clitoris ne sont quasiment pas innervés,
donc probablement insensibles. Pourtant, ce concept erroné est repris trop
souvent, y compris par des féministes. Je pense qu’il s’agit d’une position idéologique qui tente de survaloriser
l’orgasme vaginal, donc de sous-estimer l’orgasme
clitoridien. Les bulbes vestibulaires sont des structures très érectiles. Lors
de l’excitation, ils se gonflent de sang et sont visibles chez certaines
femmes, latéralement, dans la vulve juste à l’entrée du vagin. Ce gonflement
n’est jamais mentionné comme zone érogène ! Parfois même, ce gonflement
est modérément douloureux.
Des
chercheurs américains ont récemment pratiqué des IRM sur une trentaine de
femmes partagées en deux groupes, celles se plaignant de ne jamais avoir
d'orgasmes et celles en ayant. Ce qui les différencie serait la taille et
l'emplacement du clitoris, à la fois plus petit et plus éloigné du vagin de 5 à
6 millimètres chez celles anorgasmiques. D'autres études valident-elles cette
conclusion ?
Là
encore, de quel orgasme parle-t-on ? Je
suppose qu’ils parlent du long plaisir vaginal, que je préfère nommer
jouissance car très différent de l’orgasme clitoridien. La première étude sur
la distance entre le clitoris et le vagin remonte à 1924 : Marie Bonaparte a étudié, sur un
échantillon de plus de 200 femmes,
la distance entre le gland clitoridien et le méat urinaire. Elle a trouvé une
grande variabilité de résultats, de 1,5 à 3,5cm ! Puis elle a comparé, sur
un échantillon plus restreint de 43 femmes, la satisfaction sexuelle et la
position du clitoris. Celles qui avaient un orgasme uniquement clitoridien
présentaient un clitoris trop éloigné de l’entrée du vagin pour être stimulé par
le pénis. Elle en déduisit qu’il y avait une relation entre l’éloignement du
clitoris et l’anorgasmie vaginale.
Depuis,
de rares études ont confirmé cette hypothèse, et d’autres l’ont infirmée,
l’idéologie médicale étant toujours un peu rétive à l’étude du clitoris.
Lorsque j’interroge des femmes, certaines savent très bien comment mettre leur
clitoris en contact avec la verge, par exemple lors de la position de la
cavalière, la femme dessus, par une inclinaison du bassin, et d’autres n’y
arrivent pas. Est-ce la position du clitoris dans la vulve qui fait la
différence ? Je n’ai pas les moyens de le savoir.
Pouvons-nous conclure que la taille du clitoris compte
?
Dans
l’état actuel des connaissances, on constate qu’un clitoris généreux favorise une découverte précoce
de sa puissante fonction érogène.
Mais le clitoris discret a le même potentiel !
Aucun commentaire: